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Vers des Etats généraux européens du logement: la rencontre de Bobigny

Accueillis dans la salle d'honneur de la mairie de Bobigny (France), une cinquantaine de représentants d'associations d'habitants, de syndicats de locataires, de mouvements sociaux, d'ong, voire d’élus de forces politiques progressistes en provenance de sept pays, se sont réunis le 2 février 2007 sur proposition de l'Alliance Internationale des Habitantes (AIH), du Réseau d'Elus et d'Autorités Locales Progressistes d'Europe (REALPE) et de l'Association Nationale des Elus Communistes et Républicains (ANECR), pour donner suite à l'appel pour des Etats généraux européens pour le droit au logement lancé lors du FSE d'Athènes .

Sur la table l'urgence du logement, qui affecte désormais quelque 18 millions de personnes sur le continent européen, dont 3 millions sans abri, situation qui devient de plus en plus grave sous les coups des libéralisations des marchés immobiliers et des privatisations du secteur du logement social.

Après l'introduction d'André Chassaigne, le président ANECR qui a recueilli l'héritage de Bernard Birsinger , Cesare Ottolini (AIH et Unione Inquilini ) a souligné l'importance des échanges internationaux afin de mieux connaître tant les différents aspects de la crise du logement que les initiatives de luttes et les propositions d’alternatives. Sur ces bases, l'on pourrait en effet construire une plateforme commune entre des acteurs qui, tout en gardant leur autonomie, partagent le principe du droit au logement et de la necessité de l'intervention publique dans le secteur, et cela aussi au niveau international.

En rappelant les engagements pris lors du FSE, Cesare Ottolini a précisé que l'objet de la réunion était donc de renforcer la dynamique visant à l'organisation des États généraux européens pour le droit au logement lors de l'automne 2007.

La première partie de la réunion a fait l'états des lieux dans les différents pays.

David Incertis, de la Plataforma por una Vivienda Digna , a montré comment les jeunes, principalement, se mobilisent massivement en Espagne depuis quelques mois pour revendiquer l'accès au logement. Les prix inabordables dus à la flambée du foncier, incontrôlables par l’abandon de ce secteur par l’état, sont ultérieurement gonflés par la corruption urbanistique qui alimente les secteurs au pouvoir, partis politiques compris. Quant à l'Italie, trois différentes interventions ont montré les dégâts du désengagement de l'État: Paolo Gangemi (PRC) a dénoncé le manque de politique du logement malgré la crise qui affecte quelque 600.000 personnes menacées d'expulsion locatives, donc la nécessité de relancer la lutte à tous les niveaux, mouvements et institutions inclus. Simona Panzino (Action ) a annoncé la création d'un "Ministère du droit au logement" dans l'immeuble occupé à Rome la veille, comme réponse autogérée et de lutte face à un gouvernement de centre-gauche qui était censé apporter des solutions. Luisa Calimani (Rete Architetti Città Amica ) a montré du doigt les dégâts du libre marché dans les villes, 350.000 logements bâtis en Italie en 2006 n'empêchant pas la croissance de la precarité, raison pour laquelle la question devrait être pleinement prise en compte dans le cadre de la planification urbanistique).

Carine Clément, de l'Union de Coordination des Soviets Russes , a explicité les effets de la reforme du code du logement et les privatisations du secteur, qui affectent des millions de personnes, surtout les plus âgées et économiquement faibles, qui ont commencé a se mobiliser dans plusieurs villes.

Mobilisation qui est encore difficile, même si nécessaire aussi en Pologne, a déclaré Kamila Siedlecka, du Collectif Rouge-Gauche Alternative , qui dénonce l'exécution de 4.000 expulsions locatives en 2005 suite à la flambée des loyers consécutifs à la privatisation du secteur.

J.Pierre Giacomo et Jacquy Tiset, de la CNL , la plus grande organisation de locataires de France, ont souligné le non à la marchandisation du logement et à la précarité, donc la nécessité de reconnaître la responsabilité de l'Etat en tant que soutien du droit des habitantes de rester, soit à conserver leur logement, et cela par le developpement d'un vrai service public du logement.

De son côté, le représentant des Enfants de Don Quichotte , mouvement récemment entré en scène par ses tentes rouges abritant des centaines de sans abri sur les berges de la Seine, a souligné comment la mobilisation a été capable de faire bouger les choses, notamment le débat sur l'opposabilité du droit au logement.

Par contre Joseph Jones, de la Thames Valley Gypsy Associations , a dénoncé l'abolition de la loi qui obligeait les collectivités locales à établir des sites pour les campements des nomades au Royaume Uni, ce qui met en danger d'expulsion des dizaines de milliers de personnes, des communautés entières comme dans le cas de Dale Farm .

Et encore Denis Uvier, de Solidarités Nouvelles , a relancé l'importance des liens internationaux en présentant les initiatives visant à la réquisitions des logements vacants en Belgique, voire la Campagne Zéro Expulsions et le campement de sans abri qu'ils ont du récemment lever à cause des menaces.

La deuxième partie de la rencontre fut plus politique, avec la présentation par Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre au logement en France, de la proposition de résolution sur le logement à l’ordre du jour du Parlement Européen . Texte jugé insuffisant aussi par Patrick Alexanian, venu apporter le soutien des députés GUE-NL au parlement européen, car il s'agit d'insérer le droit au logement opposable dans la Charte Européenne des droits Fondamentaux, qui sera présentée à nouveau en 2008 sous la présidence de la France. Donc le logement abordable, ce qui n'est pas atteignable par la loi du marché prônée par la directive Bolkestein qui serait appliquée largement à ce secteur, plutôt par le développement d'un service publique du logement.

Et Olivier Tric d'ATTAC, a relancé sur la question des financements du secteur, ce qui serait possible d'avoir en quantité suffisante par l'introduction d'une taxe européenne sur les immeubles et le foncier vacants à cause de spéculation.

Quant aux autorités locales, Lysiane Alezard de l'ANECR et REALPE ont confirmé leur engagement, récemment relancé aussi par le FAL lors du FSM de Nairobi , visant à la mise en place des Etats généraux du logement ainsi qu’ à celle de dispositifs innovants, tels que les ordonnances anti-expulsions.

Finalement, les participants ont approuvé une déclaration qui engage chacun à travailler à l'élargissement de cette dynamique suivant une feuille de route partagée.

Première vérifie et succès le jour après: plus de 300 participants aux troisièmes Etats généraux français dans la meme mairie de la ville-monde de Bobigny.

Prochaine étape, automne 2007, les États Généraux Européens du Logement et la ville à Bruxelles.

Février 2007

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