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The Urban Way

Résistances populaires Habitat III

Resistencias Populares Hábitat III

Misión AIH en Quito, Ecuador (junio 2016)

Contexte: le Forum Urbain Alternatif et Populaire de Medellin

Pour sa participation au processus de mobilisation vers Habitat III, l'Alliance Internationale des Habitants a pris comme référence l'expérience construite en 2014 avec toutes les organisations locales et nationales de Colombie pour réaliser le Forum Urbain Alternatif et Populaire, dans le cadre du Forum Urbain Mondial. FUM, convoqué par l'ONU à Medellin.

Au départ, les réseaux mondiaux et ONU-Habitat elle-même, voyaient avec suspicion l'espace de débat et de réflexion que construisait le mouvement populaire. On avait même l'impression qu’on avait parié sur l’échec de l'initiative populaire  étant donné le gaspillage pompeux du gouvernement  local et des Nations Unies, qui  prétendaient définir l'avenir des villes sans l'intervention des habitants. Le FUM a privilégié, en effet, l'intervention de l'industrie de la construction, de l'immobilier, des entreprises, des banques, des académies, des techniciens et des gouvernements nationaux et locaux.

Le mouvement populaire de la Colombie et l'Alliance Internationale des Habitants, lentement mais avec un pas ferme, à partir des communautés lésées par la croissance urbaine et l'exclusion, tissèrent le réseau social qui reçut les habitants du monde, à l'Université d'Antioquia. Le FUAP fut un succès, comme en témoigne la présence de plus de trois mille habitants de 22 pays, qui  débattirent et dessinèrent la ville que nous voulons, en pleine harmonie avec la nature. Il convient de noter que la seule exigence pour participer au FUAP était l’enregistrement d’assistance et le choix d’un sujet de l’intérêt de chacun-ne. Il fut aussi offert à chaque participant, la nourriture nécessaire, suffisante et variée, grâce à la solidarité et à l'extraordinaire gastronomie colombienne.

Le dialogue franc, pluriel et ouvert, la culture et la mobilisation sociale présente à l'Université d'Antioquia, permirent que les représentants de la FUM décident de discuter avec le FUAP. Pour le mouvement populaire, ce fut très important d'établir ce dialogue avec les autorités locales et avec le directeur exécutif du FUM. Cela permit de démontrer pourquoi la ville que nous voulons doit être durable, ludique, aimante, démocratique et pacifique; et les raisons pour lesquelles nous ne voulons pas de la ville que les caciques mondiaux du béton  nous offrent comme une marchandise.

Le contexte: travailler un an pour l'unité des mouvements populaires

L'expérience FUAP permit à l'Alliance Internationale des Habitants de définir la ligne stratégique d'action politique pour promouvoir le Forum de Résistance Populaire Habitat III à Quito, en Équateur, en octobre 2016, dans le cadre de la Conférence Mondiale Habitat III., des Nations Unies. Pour construire cette voie, nous avons mis en avant la nécessité de l'unité de toutes les résistances locales, nationales et mondiales. Les organisations populaires de l'Equateur, la Plate-forme nationale pour la réforme urbaine du Brésil, la Coalition Internationale pour l'Habitat et l'Alliance Internationale des Habitants, s’articulèrent pour mener à bien cette tâche de résistance.

Nous avons travaillé une année pour rêver, conspirer, dessiner, promouvoir et consolider l'espace collectif de toutes les résistances du monde, car nous avions à l'esprit qu'il était urgent de tirer le mouvement populaire équatorien de son infortune. Il faut noter que dans cet effort, nous avons dû agir à contre-courant, puisque pour pouvoir ronger, affaiblir et diminuer les organisations sociales et populaires, les sphères du pouvoir utilisaient les mécanismes suivants:

1. Répression de toutes les formes d'action de protestation et de résistance.

2. Cooptation ou démantèlement des leaders populaires.

3. Solution aux demandes et réincorporation au sein de l'ordre dominant de ce qui restait de la direction de l'opposition.

4. Approbation de réformes structurelles pour faciliter la consolidation du système, en donnant la priorité à la promotion du modèle extractiviste.

5. Approbation de normes juridiques visant à supprimer les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux de la population.

Au départ, il fallut garder à l'esprit le scénario défavorable dans lequel se trouvaient les organisations populaires de l’Equateur, qui offrirent leurs maisons pour accueillir la résistance mondiale. Avec ce cadre de référence, il est nécessaire que la catégorie de résistance soit toujours l'expression de forces concrètes, véritables manifestations d'acteurs historiques, sociaux, holistiques, c’est-à-dire, intégraux dans leur construction culturelle, dans leur conscience et les valeurs éthiques qui l'expriment, leurs activités économiques, politiques et sociales, en bref, dans leurs diverses visions du monde et la praxis qui les matérialise.

Les expériences récentes dans le monde, et particulièrement en Amérique Latine, montrent qu'il n'y a pas d'acteur préconçu ou préfiguré de la résistance, mais qu'il est configuré et noué à partir d’expériences multiples, variées et plurielles, d'insubordination et de résistance ouverte contre le pouvoir, l’ oppression, l’ injustice et l’ exclusion. Les exemples vont des paysans sans terre du Brésil, les autochtones zapatistes de Chiapas, du Mexique, les femmes, les jeunes, les étudiants, les écologistes, les afro descendants, les défenseurs des Droits de l'homme, les  LGBT, etc.

La résistance, en tant que logique de l'action collective, ne transige avec aucune forme de domination, d'exploitation ou d'oppression, car elle vise, à court et à long terme, à devenir une force émancipatrice et libertaire.

Résistance et non résilience, un mot moderne qui cache une idéologie qui a échoué: acceptation et adaptation aux règles imposées par le développement néolibéral des villes.

Bien sûr, ce fut très opportun de souligner que notre forum s'appelait RESISTENCIASHABITAT3, nous sommes des résistances populaires.

La fête des résistanceshabitat3 est arrivée

Ceux commis à la résistance et qui sommes actifs dans l'Alliance Internationale des Habitants nous réunîmes à Quito, en Équateur, le 14 Octobre, pour préparer la fête de notre forum mondial résistanceshabitat3, le débat, l'organisation, la Minga, la nourriture, la voix collective qui élève le slogan: Non, on va à Muisne1 , on reste !!! En effet, nous ne partons pas, nous ne fuyons pas,  nous restons ici pour continuer à construire l'utopie d'une autre société  possible, car cela met en avant la nature pour ruraliser les villes.

Le 14 octobre 2016, très tôt, avec le soleil qui embrasse, un soleil qui illumine les collines qui ressemblent à des cônes tapissés de vert, avec toutes les nuances de vert. Un soleil qui donne à Quito une lumière exceptionnelle. Pristina, sans voiles. Un soleil qui guide les membres de resistanceshabitat3 pour construire la Voie Urbaine Communautaire qui suscite la ruralisation des villes, brisant la frontière fictive, imposée par l'empire néolibéral, qui sépare la campagne de la ville pour les exploiter jusqu’à l'extinction.

À Quito nous avons fait la fête pour les résistances populaires, leur magie débordante d’émotion, dans le poème de Rocio Bastidas2  qui affirme: « A Quito nous nous réunissons pour construire  des villes tendres, éternelles, fortes, solidaires, rebelles » et je dis aussi aimantes, paisibles et en harmonie avec la nature, pour celle-ci et pour les futures générations bio diverses.


[1]  Île dont le gouvernement de l'Equateur aimerait déplacer la population car il existe le risque de tsunami. Cependant, dans le même temps, un projet d'exploitation touristique de la même île a été présenté au FUM.

[2]  Porte-parole du Forum Populaire Résistances Habitat 3


The Volunteer translator for housing rights without frontiers of IAI who has collaborated on the translation of this text was:

Marisa Muñoz

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